Canal, comme à la grande époque
Depuis maintenant deux ou trois ans, la case « claire » de Canal + attire un nombre croissant de téléspectateurs. Comme à l’époque glorieuse des Nuls, puis de Nulle part Ailleurs, la chaîne cryptée est redevenue la chaîne si libre de ton, si populaire, si Canal.
C’était chaque soir à 19h00. Philippe Gildas invitait en direct
Dès 1994, tout bascula. Changement d’actionnaires, départs de figures emblématiques de la chaîne comme de Caunes ou Delarue, voire des animateurs vedettes comme Philippe Gildas.
En 1999, le groupe Canal +/Canal Satellite annoncera un déficit de l’ordre de 892 millions de francs toutes activités confondues.
La bonne surprise viendra du 20h10 pétantes de Stéphane Bern (2004), installée dans les mêmes locaux que l’émission culte de Gildas. Il amorcera en quelque sorte le renouveau de la chaîne, non seulement sur un plan commercial en terme d’audiences, mais aussi sur un plan spirituel. L’esprit Canal est retrouvé : liberté de ton, culture décalée mais intelligente, invités prestigieux, le tout en direct. Co-animée par Ariel Wiseman, l’émission sera un succès.
Remplacée désormais par l’émission du dernier rescapé de l’époque Canal, Le Grand Journal de Michel Denisot fait depuis trois ans office en matière de crédibilité journalistique. Des chroniqueurs de talent (Ariane Massenet, Frédéric Beigbeder, Laurent Weil), des invités souvent de marque, un ton humoristique comme à l’époque des Nuls avec le service après-vente d’Omar et Fred ou le Jamel Comedy Club, comme l’info décalé de Yann Barthès, cette émission en access prime-time est véritablement dans le ton.
C’est du Nulle Part Ailleurs dans la qualité. La surprise et le charme en moins.
Depuis la rentrée 2006, la case du dimanche midi est désormais occupée par le nouveau transfuge de la chaîne, Laurence Ferrari, dans son émission politique Dimanche +, qui succède au vieillissant Vrai Journal de Karl Zero. Dans cette campagne présidentielle, Canal + s’affiche en véritable troisième homme, à l’image de Bayrou récent rédacteur en chef du Grand Journal qui a battu des records d’audience mardi soir, face aux puissances médiatiques et politiques de toujours, TF1 (droite) et France Télévisions (gauche).
On sera tenté d’ajouter les irréductibles Les Guignols de l’Info et Groland, qui saupoudrent et alimentent l’idée qui avait failli quitter notre esprit : Canal en clair, c’est du lourd.